Agnès Soral de son vrai nom Agnès Bonnet de Soral
née le 8 Juin 1960 à Aix-les-Bains.
Elle voulait faire du théâtre de rue: "une manière très rapide de vivre
ses rêves
et de faire bouger les gens avec peu de moyens et un
sentiment de liberté".
Elle a commencé par suivre les cours du
Conservatoire de Grenoble, à treize ans et demi
("A treize ans, c'est
important les demis!) et fait partie d'une troupe de théâtre amateur
et
de marionettistes. Puis elle est venue à Paris, et a commencé dans ce
métier par hasard...
Agnès Soral a quinze ans, elle fait des petits
boulots à droite, à gauche, mais à mi-temps,
histoire que l'autre
moitié lui permette de vivre!
Un jour qu'elle accompagne une de ses
amies dans une agence de mannequins,
on lui demande ce qu'elle fait
dans la vie, elle répond: "Travailleur immigré"
(elle a la double
nationalité suisse-française). Et voilà, on lui propose de tourner pour
la télévision!
Elle rit: "J'étais assez surprise, c'était au-dessus de
mes rêves! C'est ça qui est bien,
j'ai toujours essayé d'avoir des
rêves à mon échelle, pour pouvoir, déjà, les atteindre et,
ensuite, les
raffiner. En plus à cette époque, gagner de l'argent n'était pas mon
éthique,
je me voyai mourir sans un sou, en artiste damnée! Enfin ça
m'a passé très vite".
Quand on lui rétorque que son histoire fait un
peu conte de fées, elle réplique du tac au tac:
"Oui, mais il y a des
monstres, les sorcières, les crapauds! J'en ai embrassé des crapauds et
ils ne se sont pas tous transformés en princes charmands! Enfin ça m'a
donné les plis du sourire...
C'est un métier éreintant et délicieux, un
métier à double tranchant:
les gens aiment bien vous porter au sommet
et une fois que vous y êtes, ils vous dégomment.

Il y a une forme de
vandalisme des spectateurs vis-à-vis des acteurs, ça fait peur ça".
En
plus de ving ans de métier, elle a eu le temps de comprendre les
rouages et de garder la tête froide,
même si les déceptions passent
toujours mal: "Je n'ai pas la sensation d'avoir le temps,
je vis ma vie
et mon métier très vite, avec passion. Qui dit passion dit secousse et
donc parfois, dégâts!
Avant je me disais que si ça ne marchait pas,
j'arrêterais. Mais je sais que je n'arrêterai jamais,
j'aime vraiment
jouer, vivre différents états. En fait, pour moi, la vie, c'est une
affaire d'états!!
Je crois que je suis comédienne parce que j'avais une
vieille tendance à être "cyclothymique"
et que ç'aurait été une
catastrophe d'aller à l'encontre de ça. Un comédien hors de son
contexte,
c'est un caractériel, un marginal, généralement un cancre à
l'école... En résumé, on est des malades!".
Son truc à elle, c'est de
dire les choses avec le maximum d'ironie, mais de les dire quand même.
Par exemple, elle qui a été élevée chez les soeurs, elle pourrait vous
dire que quand le courage lui manque
elle a parfois des retours de foi.
Discours qui "immanquablement fait que tout le monde se ronge les
ongles
et se met à fumer cigarette sur cigarette". Alors elle préfère
raconter que "jusqu'à l'âge de douze ans,
elle voulait être bonne soeur
et enseigner la contraception dans les pays du Tiers-monde, tout en
voyageant gratos!".
Elle est comme ça, Agnès Soral. Sa pudeur à elle,
c'est de jouer des personnages fous,
raconter des histoires
abracadabrantes avec un fond, même tout petit, de vérité. Et changer
tout le temps,
surprendre par son attitude ou ses paroles, c'est ce
qu'elle veut faire dans son métier et dans sa vie.
Pour beaucoup de
gens, Agnès Soral a commencé dans ce métier avec le rôle de Lola dans
Tchao Pantin.
C'était oublier un peu vite que la punkette avait eu les
allures d'une jeune fille un brin provocante dans
un autre film de
Claude Berri: Un moment d'égarement. Ce film, son premier vrai travail
au cinéma,
elle l'aime beaucoup: "Je trouve qu'il y a une espèce de
pureté dans ma manière de jouer,
qui est complètement intègre. Il n'y a
aucune coquetterie, c'est moi à cette époque, à l'état brut,
même si je
jouais un certain type de fille qui était moins délirante que ce que je
suis dans la vie".
S'il y a eu tant de temps entre ces deux films,
c'est qu'on ne lui a pas proposé,
au cinéma, des choses qui
l'intéressaient vraiment. Alors elle a travaillé à la télé.
Depuis
Tchao Pantin, il y a eu finalement peu de rôles pour le grand écran,
mais ils ont en commun d'être tous...
différents. La secrétaire un peu
bêtasse de Réveillon chez Bob, la pute rebelle de Diesel,
la "fausse
gentille" de Bleu comme l'enfer... "Malgré tout, je joue beaucoup
"naturel", moins "composé"
que je ne le voudrais, alors qu'idéalement
j'aimerais jouer Elephant Man!
Je suis persuadée de pouvoir jouer
quasiment tous les rôles -je dis
"quasiment" pour me laisser une porte
de sortie- du moment que j'ai un ou deux mois pour les travailler.
Je
regrette que les gens de ce métier n'aient pas pas assez confiance dans
les compositions.
En tant que spectatrice j'ai envie qu'on me raconte,
au cinéma, des histoires extraordinaires.
Actuellement le cinéma
raconte tout bonnement ce qui vous arrive dans la vie,
alors autant
vivre que d'aller s'enfermer dans une salle obscure!".
Alors, elle
accepte des rôles qui permettent au public de sortir du quotidien comme
celui
de cette femme quelque peu nymphomane dans Comme une bête,
ou
encore cette lesbienne enceinte dans Les Gens en maillot de bain ne
sont pas (forcément) superficiels.
Agnès Soral ne mâche pas ses mots.
Depuis le début, elle a prouvé qu'elle avait une forte personnalité.
Mais cette grande gueule a aussi un grand coeur. Ainsi, elle est venue
donner
un coup de main "gratos" à Charlotte Silvera, une grande amie.
Elle a au-delà d'une animation forcenée, cette sérénité qu'elle
apparente à de l'inconscience,
mais qui est aussi de la confiance: "Il
y a des actrices qu'on choisit pour leur jeunesse
et qu'on jette aux
premières rides, moi j'ai la sensation que je vieillirai au cinéma".
On
peut la croire. La profession l'aime bien. Le public aussi.
Elle aime
les rôles de composition, car cela lui permet de s'échapper
d'elle-même.
Mais elle souhaite maintenant sortir des seconds rôles
qu'on lui propose et
trouver un premier rôle. Mias un vrai premier
rôle, sans défauts.
Article ecrannoir.

Photo teemix.aufeminin.
